La flemme, ennemi historique du courage
Les chercheurs sont formels : la flemme est dans notre ADN ! Déjà quand nos ancêtres chassaient leur steak à coups de massues en silex, il leur fallait une bonne raison de quitter la chaleur de leur grotte : c’est le principe de minimisation de l’effort.
Et rien ne s’est arrangé avec les millénaires. En effet, les savants du moyen-âge, s’appuyant sur la fameuse théorie des fluides, expliquaient la paresse d’un individu par la trop forte concentration de « phlegme » dans son organisme. Ce flegme c’est le mucus, autrement dit la morve, que nos ancêtres médiévaux pensaient couler directement du cerveau, nous refroidissant au passage, nous rendant inactif et mollasson. C’est au XVIIIe siècle par l’intermédiaire des italiens que le mot Phlegme a été transformé en flemma pour finalement être adopté par nous sous le nom de « flemme ».
A ce stade, il y a deux catégories de lecteurs.
La première catégorie représente l’immense majorité d’entre nous : ceux qui seront satisfaits d’avoir enfin des arguments scientifiques expliquant que ce n’est pas complètement de leur faute s’ils sont restés sous la couette au lieu de sortir faire leur footing.
La deuxième catégorie, ce sont les machines. A sept heures du matin, à la salle de sport, les machines sont déjà en train d’enchaîner les tractions avec les jambes à l’équerre quand les autres, pauvres mortels essaient péniblement de s’extirper de leur lit sans se froisser un muscle. Les machines n’auront pas le temps de finir cet article, elle ont une douzième série de crunches à enchaîner.
Nous nous adresserons donc à la première catégorie, celle qui a besoin de quelques conseils pour retrouver l’oeil du tigre.
Tout le problème avec l’action, c’est de s’y mettre.
Celui qui a déjà poussé une voiture pour la faire démarrer a fait une belle expérience du principe d’inertie : le plus difficile est de la faire passer de l’immobilité au mouvement, c’est là qu’il y a la plus grosse dépense d’énergie. Imaginez un instant que la voiture ici soit votre propre corps : le moment le plus compliqué sera de vous arracher à l’emprise maléfique de votre canapé.
Et le facteur temps n’aide pas, au contraire : plus on laisse les abdos se transformer en beurre, et plus il faudra aligner les heures de renforcement musculaire pour retrouver un semblant de gainage. L’ampleur de la tâche semblera de plus en plus énorme et il faudra rassembler de plus en plus de courage pour sortir de l’inertie et passer à l’action.
" Concentrez-vous sur de petits objectifs, chacun mis bout à bout pourra vous emmener très loin. "
Par où commencer ?
Par un tout petit pas : au lieu de vous fixer tout de suite comme objectif de finir l’iron man, commencez par vous satisfaire d’un footing léger ou d’une demi-heure de vélo. Traduction pour ceux qui débutent vraiment dans la quête du courage : si vous êtes blotti au fond du lit et que sortir chercher le courrier vous semble insurmontable, développez votre objectif final en plusieurs petites étapes. La séquence suivante est un combo gagnant pour commencer : ouvrir les yeux / se mettre assis / dire « allez hop » / se mettre debout / s’éloigner du lit / lancer la cafetière. Ainsi, la perspective du café vous éloignera de l’envie de retourner vous coucher. C’est un premier pas.
Revenons au sport : augmentez progressivement le niveau de vos objectifs en gardant un rythme régulier sans vous focaliser sur la victoire ou l’échec.
Marc Bourgeois, actuel manager du team Yamaha Rallye le répète en boucle à chaque pilote : « détache-toi de l’enjeu ». Ce qui a fonctionné pour Loïc Larrieu ou Jamie Mc Canney parlera sans doute à la graine de champion qui est en vous : « concentrez-vous sur de petits objectifs, chacun mis bout à bout pourra vous emmener très loin », surtout si vous y associez la rigueur et l’endurance.
Robert Marchand est le plus vieux cycliste du monde : a 82 ans il a fait un Paris-Moscou et en 2018, âgé de 107 ans, il parcourait vaillamment ses 20 kilomètres au stade vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Son secret ? Il roule tous les jours.
" Ne priez pas pour une vie facile, priez pour avoir la force d’endurer la difficulté. "
Bruce Lee
Est-ce que ça va être difficile ?
Oui sans aucun doute et si vous voulez allez loin dans la performance, vous connaîtrez la frustration, la fatigue et la douleur. Bien entendu, ce n’est pas un but en soi, vous pourrez toujours faire des pompes sur une planche à clous le matin à jeun avec la vessie pleine, ça ne vous fera pas gagner 1 seconde au chrono. La difficulté résidera dans la discipline quotidienne. Evitez les excès à tous les niveaux : trop s’entraîner peut conduire à une blessure, un régime alimentaire trop strict peut conduire à des carences, tout est une question de dosage, de régularité et d’endurance.
Bruce Lee, dans sa grande sagesse déclarait : « ne priez pas pour une vie facile, priez pour avoir la force d’endurer la difficulté ». Alors au lieu de brûler des cierges en espérant que le temps soit clément ou que votre entraîneur soit bien luné, restez concentré sur votre objectif.
Respectez le cap de votre ambition et tâchez de trouver chaque jour la petite goutte de courage qui alimentera le fleuve de vos performances. Mais malgré tout, ne vous prenez quand même pas trop au sérieux, vous risqueriez de devenir une machine. 😉